vendredi 28 juillet 2006

Centres de déplacés de Furn el Chebbek – 26 juillet 2006

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Dans le quartier chrétien de Furn el Chebbek, dans la banlieue Est de Beyrouth, deux écoles ont été mises à disposition par la municipalité pour accueillir les familles déplacées par les bombardements israéliens. Le Père Georges Akké, responsable du secteur local de Caritas Liban, explique comment Caritas s’est concentrée sur l’amélioration des conditions d’hygiène des réfugiés. Dans l’une des écoles, des douches ont été rapidement installées et les bénévoles de Caritas s’assurent que les réserves d’eau sont régulièrement remplies pour permettre de maintenir la propreté. Certaines personnes du quartier se sont même présentées spontanément pour régler les factures au livreur d’eau ! Dès le lundi 17 juillet, les équipes ont commencé à procéder au recensement des besoins les plus urgents. La fourniture des produits d’entretien a été assurée et des réchauds à gaz ont été distribués pour permettre aux femmes de cuisiner.

Ghassan Nahra, un bénévole de Caritas, nous guide jusqu’à l’école primaire transformée en centre d’accueil. Il est lui-même originaire d’un village du Sud Liban, Marjeyoun, qu’il a réussi à quitter le 20 juillet lors d’une courte accalmie. Il a trouvé refuge chez son frère à Beyrouth. Son premier geste fut d’aller se mettre à la disposition de l’équipe de Caritas la plus proche. Il a lui-même cinq enfants, dont l’aînée, Rita, a émigré avec sa famille au Canada il y a juste un mois « Il y a trois semaines, nous recevions sa première lettre où elle nous disait qu’elle avait quitté le Liban à contrecœur. Aujourd’hui, je remercie le ciel qu’elle soit là-bas, en sécurité, avec ses trois enfants »

L’école primaire hébergeait 200 personnes il y a 5 jours. Mais comme dans tous les centres, les chiffres fluctuent chaque jour. Ils ont peut-être doublé aujourd’hui. Alors que nous entrons dans l’une des salles de classes sommairement aménagée pour l’une des familles déplacées, Ghassan reconnaît l’un de ses voisins, habitant le village de Aïn ej Jawzé, à trois kilomètres de Marjeyoun. Les deux hommes s’embrassent chaleureusement. Leur retrouvaille fortuite est une coïncidence extraordinaire ! Hussein raconte à Ghassan comment il est arrivé jusqu’à l‘école de Furn el Chebbek : « La famille de ma femme était venue de Beyrouth pour passer une partie de l’été au village, comme chaque année. La maison était bien remplie ! Au troisième jour des bombardements, mon beau-frère a décidé de repartir vers Beyrouth et m’a convaincu d’emmener ma famille et de partir avec eux. Mais les routes étaient coupées. Nous avons dû faire le tour par la montagne. Cela nous a pris deux jours. En arrivant à Dahié, dans la banlieue Sud, la situation était encore pire ! Nous avons trouvé la maison de mon beau-frère totalement détruite et tout le voisinage avait fui vers des régions plus sures. Nous sommes aussitôt repartis en errant dans Beyrouth. Heureusement, nous avons croisé une voiture de Caritas qui nous a indiqué ce centre »

Nous nous dirigeons ensuite vers le deuxième centre, installés dans le « Lycée International », une école privée gratuite d’enseignement général. La grande majorité des familles qui logent ici, soit 247 personnes, viennent du « Carré de sécurité », le quartier qui entourait le QG du Hezbollah à Beyrouth, aujourd’hui totalement rasé. Mais il y a deux jours, un van contenant 16 personnes dont 6 enfants et un nouveau-né au bord de la déshydratation s’est présenté à la porte du Lycée. Cela faisait trois jours qu’il avait quitté Naqoura la dernière ville côtière avant la frontière israélienne.

Le Docteur Pierre Chlela assure une permanence médicale chaque jour, de 9h à 20h, au sein de l’établissement. Ce psychopédagogue dont la mère est française a choisi de rester au plus fort de la tourmente malgré les invitations répétées de l’ambassade de France à rejoindre le dispositif d’évacuation des ressortissants français. « Je connais bien les gens qui arrivent ici. Je tiens un cabinet de consultation dans le quartier de Dahié depuis une vingtaine d’années. J’ai même retrouvé ici certains patients. J’essaie de traiter les traumatismes consécutifs aux événements. Beaucoup sont totalement déprimés et s’alimentent mal, ne mangeant que du pain. Je les encourage à réagir et à cuisiner pour rééquilibrer leur alimentation. Nous avons besoin d’installer une vraie cuisine » Pour ce qui est des médicaments, les besoins sont énormes. Les pharmacies sont vides et la Croix Rouge commence à les distribuer au compte-goutte. « Avec Caritas Liban, je coordonne une équipe de 7 médecins. Caritas Liban nous fournit des médicaments pour les maladies cardiaques, les problèmes de tension, la diarrhée et la déshydratation. Nous devons faire face à une épidémie de gastro-entérites, qui risque de s’aggraver dans le contexte actuel »

Nous repartons vers le bureau d’accueil de Caritas Liban, situé à proximité. A la porte de l’école, des gendarmes assurent une présence discrète mais sécurisante, prêts à donner un coup de main à l’occasion du déchargement des camionnettes qui viennent apporter aux réfugiés les rations alimentaires préparées par les bénévoles de Caritas.
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In the Christian district of Furn el Chebbek, in the Eastern suburbs of Beirut, two schools were placed by the municipality at the disposal of refugees. The Father George Akké, person in charge for the local sector of Caritas Lebanon, explains how Caritas concentrated on the improvement of the hygiene conditions of the refugees. In one of the schools, showers were quickly installed and the volunteers of Caritas made sure that the water reserves are regularly filled to make it possible to maintain cleanliness. Certain people of the district even presented themselves spontaneously to pay the invoices to the water deliveryman! As of Monday July 17, the teams started to proceed to the census of the most urgent needs. The supply of the maintenance products was ensured and oven tops were distributed to allow women to cook.

Ghassan Nahra, volunteer of Caritas, guides us to the primary school transformed into reception centre. He is himself originates from a village in South Lebanon, Marjeyoun, which he succeeded in leaving on July 20 during a short truce. He found refuge in his brother’s house in Beirut. His first gesture was to go and put himself at the disposal of the nearest Caritas team. He has himself five children. The elder one, Rita, immigrated with her family to Canada just a month ago. "Three weeks ago, we received her first letter where she said that she had left Lebanon with remorse. Today, I thank heavens that she is over there, in safety, with her three children"

The primary school lodged 200 people 5 days ago. But as in all the centers, the figures fluctuate each day. They perhaps doubled today. Whereas we enter one of the classrooms arranged for one of the displaced families, Ghassan recognizes one of his neighbors, living in the village of Aïn ej Jawzé, within three kilometers of Marjeyoun. The two men embrace themselves cordially. Their fortuitous meeting is an extraordinary coincidence! Hussein tells Ghassan how he arrived to Furn el Chebbek School: "The family of my wife had come from Beirut to pass a part of the summer in the village, like each year. It was full house! On the third day of the bombardments, my brother-in-law decided to set out again towards Beirut and convinced me to take along my family and leave with them. But the roads were cut. We had to make the turn by the mountain. That took us two days. While arriving at Dahié, in the Southern suburbs, the situation was still worse! We found the house of my brother-in-law completely destroyed and everyone had fled towards more secure areas. We set out again wandering in Beirut. Fortunately, we bypassed a Caritas car which indicated a center for us”

We moved then towards the second center, based in the "International College", a free private school of general education. The majority of the families placed here, 247 people, come from the "Square of safety", the district which surrounded the HQ of Hezbollah in Beirut and which is today completely shattered. But two days ago, a van containing 16 people with 6 children and a new-born baby on the edge of dehydration presented themselves at the door of the College. It had been three days that they had left Naqoura, the last city before the Israeli border.

Doctor Pierre Chlela ensures a medical permanence each day, from 9 O’clock till 20:00. This psycho pedagogue, whose mother is French, chose to remain at the height of the storm in spite of the invitations repeated of the embassy of France to join the evacuations of the French nationals "I know well the people who arrive here. I hold a consulting-room in the district of Dahié since a number of years. I found certain patients here. I try to treat the consecutive traumatisms of the events. Many are completely depressed and badly fed, eating only bread. I encourage them to react and cook to rebalance their food. We need to install a true kitchen "In regards to drugs, the needs are enormous. Pharmacies are empty and the Red Cross started to distribute them very scarcely "With Caritas Lebanon, I coordinate a team of 7 doctors. Caritas Lebanon provides us with drugs for the cardiac diseases, the tension problems, the diarrhea and dehydration. We must be facing an epidemic of gastro-enteritis, which is likely to worsen in the current context”

We set out again towards the Reception Office of Caritas Lebanon, located in the vicinity. At the school door, police men ensure a discrete but a secure presence, ready to give a hand any time the unloading of the vans takes place bringing food rations prepared by the volunteers of Caritas for the refugees.