mercredi 17 janvier 2007

Caritas Liban introduit la conférence nationale sur le rôle de la société civile dans la reconstruction du Liban

Avant la guerre de juillet dernier, le Liban commençait à élaborer un plan pour relever les huit défis du millénaire, définis par les Nations unies et qui devraient être relevés avant 2015. Le Liban s’était donc engagé à éradiquer la pauvreté et la faim, soutenir l’éducation pour tous, réduire la mort infantile, promouvoir l’égalité des sexes, protéger l’environnement… La prise d’otages par le Hezbollah le 12 juillet dernier, à l’intérieur du territoire israélien, déclenchant une guerre sans merci contre le Liban, a changé la donne. Ainsi, alors que le Liban élaborait un plan pour améliorer l’éducation, c’est à la reconstruction des écoles qu’il faut maintenant penser. Le pays devait mettre en place une politique de retraite et de santé équitable, il faut maintenant parer au plus urgent en reconstruisant des hôpitaux… C’est principalement pour que les objectifs du millénaire ne soient pas oubliés, pour aider à la reconstruction du pays, pour soutenir les ONG afin qu’elles se sentent véritablement impliquées dans cette reconstruction, et pour que le Liban ne rate pas les chances offertes par Paris III, que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a organisé, les 16 et 17 janvier, conjointement avec le réseau des ONG arabes pour le développement et le Fonds canadien pour le développement social/Oxfam Québec une conférence à Beyrouth ayant pour thème « Le rôle de la société civile dans le développement au Liban ».

Cette conférence a rassemblé plus de trois cents personnes, notamment des délégués d’ambassades et d’agences internationales et des représentants d’ONG libanaises et étrangères. Cet événement – qui s’articule autour de divers thèmes, dont les ressources hydrauliques, l’économie, l’agriculture, les services sociaux, l’éducation, la santé, l’environnement, l’urbanisme, le déminage et la réconciliation nationale – devrait aider les ONG à mieux coopérer entre elles, à délimiter leurs champs d’action et à développer des partenariats. Lors de la séance inaugurale, la représentante permanente du PNUD, Mona Hammam, l’ambassadeur du Canada, Louis de Lorimier, le président du CDR, Nabil Jisr, le directeur exécutif du réseau des ONG arabes pour le développement, Ziad Abdelsamad, la représentante du Fonds canadien pour le développement/Oxfam Québec, Marie Paradis, et le secrétaire général de Caritas Liban, Me Joseph Farah, ont tour à tour pris la parole pour présenter cette conférence et souhaiter la bienvenue aux participants. Dans son message, Mme Hammam a mis l’accent sur la nécessité d’élaborer un plan cohérent visant à la reconstruction du Liban. Pour sa part, Mme Paradis a noté que « la reconstruction ne consiste pas seulement à rebâtir des maisons, réparer des ponts, relancer l’industrie ou installer des canalisations d’eau. Il s’agit aussi de redéfinir une vision commune de l’avenir des communautés affectées par la guerre, de recréer ou de créer des espaces de dialogue et de convivialité, d’imaginer des modes pluralistes, justes et inclusifs de développement capables de répondre aux besoins de tous les secteurs de la population ».

L’importance de la société civile

De son côté, M. Abdelsamad a souligné la nécessité d’élaborer un plan général pour le développement et la reconstruction. Il a mis l’accent sur les réformes à effectuer dans le cadre de la conférence Paris III, souhaitant qu’une société civile responsable et crédible capable d’évaluer le développement, d’avoir accès à l’information et de demander des comptes, si c’est nécessaire, soit constituée. Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, le directeur exécutif du réseau des ONG arabes pour le développement a souligné l’importance de la participation de la société civile dans l’élaboration d’un plan national pour éradiquer la pauvreté, conformément au premier objectif du millénaire. « Les efforts effectués dans le cadre de la reconstruction ne doivent pas nous éloigner des défis lancés par l’ONU, a-t-il dit. Nous voulons que le développement englobe toutes les régions. » Ainsi, la présence d’ONG de divers bords est importante dans la reconstruction du Liban-Sud et de la Békaa, a encore noté M. Abdelsamad, soulignant que les défis à relever sont devenus de loin plus importants après la guerre de juillet.« Il faut travailler, parvenir aux buts fixés, alors que le gouvernement est à moitié paralysé », a-t-il indiqué. En réponse à une question, il a affirmé que les défis à relever actuellement au Liban-Sud sont plus difficiles que le travail qui avait été effectué au lendemain du retrait israélien de 2000. « Aujourd’hui, il y a des villages entièrement détruits. Il faut, malgré tout, aider les habitants à rester sur place pour empêcher l’exode rural », a-t-il indiqué. Il s’est également penché sur la progression du chômage et le recul de la croissance après la guerre de juillet 2006.

Le prix de la guerre

Le premier jour de la conférence, ce sont surtout les chiffres relatifs aux destructions et aux pertes provoquées par la guerre de juillet qui ont été exposés, montrant ainsi l’ampleur des dégâts subis par le Liban.Ces chiffres, rapportés par des sources officielles libanaises, ne sont pas récents. Mais présentés ensemble, ils deviennent effrayants. En voici quelques-uns :
– Plus de 1 200 morts, dont le tiers est constitué d’enfants de moins de 12 ans.
– Plus de 4 400 blessés, dont 15 % sont devenus des handicapés permanents.
– Plus de 200 000 personnes ont perdu leurs maisons.
– Le taux de chômage a doublé pour atteindre les 20 %.
– Plus de 100 000 personnes, pour la plupart hautement qualifiées, ont quitté définitivement le Liban.
– 612 écoles publiques, 80 écoles privées, 16 hôpitaux et 65 dispensaires ont été endommagés.
– 97 ponts et 151 routes ont été détruits et trois pistes ainsi que des réservoirs de l’aéroport de Beyrouth ont été endommagés.
– 15 millions de tonnes de fuel oil ont été déversés dans la mer.
– Le pays doit être nettoyé de plus de 2,5 millions de mètres cubes de débris.
– Les pertes du secteur agricole se chiffrent à 280 millions de dollars.
– 850 entreprises et usines ont été atteintes par les bombardements.
– Le secteur touristique a perdu plus d’un milliard de dollars.
– Les pertes du secteur du transport se chiffrent à 120 millions de dollars, celles de l’électricité à 160 millions de dollars, celles des télécommunications à 135 millions de dollars.

(Source : L'Orient Le Jour du 17 janvier 2007)