samedi 17 mars 2007

Caritas Liban lance une campagne pour lutter contre l’esclavage moderne

Un programme financé par l’Union européenne pour sensibiliser aux droits des travailleurs migrants

Le Centre des migrants de Caritas-Liban, en partenariat avec Caritas-Suède et les services du Secours catholique, a lancé hier sa campagne nationale de sensibilisation aux « droits des travailleurs migrants », sous le patronage du ministère de la Santé et de la Direction générale de la Sûreté générale. Et ce, dans le cadre du projet « Protection des droits humains des travailleurs migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés au Liban » financé par l’Union européenne. Cette campagne, qui a pour slogan « Traitez les travailleurs migrants comme vous aimeriez être traités, en humains, en dépit de leurs race et statut », est conçue de manière à souligner la situation difficile des travailleurs étrangers, plus spécifiquement celle des aides domestiques, et de promouvoir le respect de leurs droits. « Elle visera tous les médias, afin de toucher l’ensemble des Libanais, toutes générations confondues », a observé le chef de la délégation de la Commission européenne au Liban, Patrick Laurent.

Cette campagne clôture une collaboration de 5 ans entre l’UE, les autorités libanaises et plus spécifiquement la Direction générale de la Sûreté générale, et certaines organisations locales et internationales. Car la situation des migrants est complexe au Liban et nombre d’entre eux continuent d’être exploités et de voir leurs droits fondamentaux bafoués. Le programme « Protection des droits des travailleurs migrants, réfugiés et demandeurs d’asile » a ainsi offert une aide légale et des consultations juridiques à plus de 2 500 bénéficiaires. Mesures qui ont abouti, et pour la première fois au Liban, au versement d’indemnités aux migrants victimes d’abus physiques, au versement d’arriérés de salaires non payés, à innocenter des travailleurs victimes de fausses accusations de vol, mais aussi à accélérer la libération de travailleurs migrants détenus en prison. Ce programme a également permis à 10 000 migrants de mieux connaître leurs droits et responsabilités et a sensibilisé plus de 2 000 Libanais sur la situation et les droits des travailleurs migrants au Liban.

Des résultats impressionnants

Le lancement de cette nouvelle campagne a été l’occasion pour le père Louis Samaha, président de Caritas-Liban, de remercier l’Union européenne et toutes les organisations internationales qui ont soutenu l’organisation dans sa lutte pour le respect des droits des travailleurs migrants. De son côté, l’ambassadeur Patrick Laurent a observé que les résultats sont impressionnants, après 4 années de soutien de l’UE au Centre de migrants de Caritas. Il a ainsi expliqué que « grâce au conseil légal de Caritas et à des décisions de tribunaux en faveur des employés de maison, une toute nouvelle jurisprudence a été créée. Grâce à une sensibilisation auprès des travailleurs migrants, une grande partie de ceux-ci ont enfin connaissance et conscience de leurs droits. Grâce à la mise en place d’une hot-line permanente, une aide directe peut être apportée sur le champ. Grâce à une assistance sociale et légale en milieu carcéral, et en particulier au Centre de rétention pour étrangers, une meilleure protection est assurée. Grâce à la participation au comité mis en place par le ministère du Travail, des projets de révision des lois et de contrat de travail unifié sont élaborés, et espérons-le, prochainement adoptés. Grâce enfin à un travail de communication dans les écoles et universités, les jeunes Libanais sont sensibilisés aux types d’abus pratiqués couramment et impunément ».

Mais, poursuit Patrick Laurent, « tous ces efforts seraient vains si l’opinion publique ne suit pas, de manière générale ». L’ambassadeur regrette, à ce propos, que certaines « pratiques qui s’apparentent à de l’esclavage moderne » continuent de persister au Liban. Pratiques comme « la privation du passeport, la séquestration, les violences morales ou physiques »... Sensibiliser l’opinion publique est donc aujourd’hui une étape essentielle dans le respect des droits des travailleurs migrants.

(Source : L'Orient Le Jour du 17 mars 2007)