samedi 22 juillet 2006

Centre des réfugiés de Dar El Moualmine (Achrafieh - Beyrouth) - 21 juillet 2006

English below

Hassan Atris, la cinquantaine, a trouvé refuge à l’école normale du Ministère de l’Enseignement à Achrafieh. Originaire de Maaraké, un village des environs de Tyr, au Sud Liban, les événements l’ont surpris alors qu’il était sur Beyrouth pour son travail. Après s’être fait héberger par de la famille et des amis dans la Banlieue Sud, il est venu se mettre à l’abri dans ce centre installé précipitamment pour accueillir les familles qui fuyaient les quartiers de Beyrouth pris pour cible par l’aviation israélienne.

Le centre de Dar el Moualmine héberge pour le moment près de 500 personnes, essentiellement originaires du quartier de Dahié, dans la banlieue Sud de Beyrouth. Mais les chiffres varient de jour en jour. Kassem, un bébé de 18 mois dans les bras, nous indique qu’il est venu dès le deuxième jour des bombardements depuis Baalbek car « il sentait que les choses allaient s’aggraver » Abdallah a fui son village de Laboué, dans la Békaa, avec toute sa famille, lorsque les avions israéliens ont commencé à prendre pour cible les camions qui passaient devant sa maison, sur la route en provenance de la Syrie. « J’ai laissé mon terrain à l’abandon alors que commençait la saison de la cueillette des prunes. Mais cela devenait trop risqué de rester dans les vergers ! Ici, nous nous sentons plus en sécurité, même si la nuit nous entendons toujours les obus tomber dans les environs de Beyrouth. »

Hassan exhibe un passeport allemand : « J’ai la nationalité allemande, je tente de contacter l’ambassade depuis plusieurs jours. En vain. Les lignes sont saturées en permanence. Mes enfants sont bloqués au village. Ma fille aînée, Yasmine, a deux petits enfants de 4 et 5 ans. Ils ont aussi la nationalité allemande » Grâce à l’aide des bénévoles de Caritas, il a pu les contacter par téléphone et être rassuré sur leur sort. Mais la situation au village devient intenable. Le pain commence à manquer, l’approvisionnement en eau est devenu critique.

Dans le quartier d’Achrafieh uniquement, on dénombre neuf centres d’accueil des réfugiés. Il y a trois jours, Caritas Liban y a dénombré 1400 personnes. Aujourd’hui, le recensement dépasse les 3360. Les 250 bénévoles de Caritas dans le secteur d’Achrafieh se relaient chaque jour de 7h du matin à 22h pour apporter une aide matérielle ainsi qu’un réconfort moral auprès des réfugiés, en portant leur attention plus spécialement sur les conditions d’hygiène. Dans la cours de l’école, les religieuses du Foyer des étudiantes de la congrégation des Saints Cœurs organisent des jeux avec les enfants, donnant à l’endroit des airs de colonies de vacances... Dans quelques instants, les plats chauds préparés par les équipes bénévoles seront distribués aux réfugiés. Les Scouts du Collège de Jamhour sont venu prêter main forte.

Sous le préau, les hommes sont assis sur des bancs d’école devant un poste de télévision qui diffuse les nouvelles en continu. Ce matin encore, le Sud du pays est sous le feu des obus et ne connaît pas de répit.

Le Docteur Saber termine sa consultation. Il a examiné une cinquantaine de personnes, essentiellement des enfants. Il les envoie ensuite prendre les médicaments de la clinique mobile de Caritas, en stationnement sur le parking de l’école. Pour les cas les plus urgents, une coordination est assurée avec l’Hôtel Dieu de France, qui est situé à proximité. Caritas a déjà organisé avec les réfugiés plusieurs réunions d’information sur les mesures d’hygiène nécessaire afin d’éviter les épidémies dans un contexte de grande promiscuité et de forte chaleur.

Hassan nous demande une nouvelle fois de composer le n° de l’ambassade d’Allemagne. « J’espère que nous pourrons trouver une solution, au moins pour les faire venir sur Beyrouth. Il faut que tout cela s’arrête. »

(Témoignages rapportés suite à la Visite au centre de réfugiés de Dar el Moualmine, Ecole Normale du Ministère de l’Enseignement – Achrafieh – Beyrouth effectuée le vendredi 21 juillet 2006, par Sœur Yolla Nasr et Benoît Berger)

___________________________________

A visit to the refugees’ centre at Dar el Moualmine – Ashrafieh - Beirut


Hassan Atris, a man in his 50s, has found a shelter at the normal shcool of the Ministry of Education. Originally from Maarakeh, a village in the suburbs of Tyre, South of Lebanon, he was surprised with the events while he was working in Beirut.

After being housed by friends and family in the southern suburbs, he came to seek shelter in the center, especially meant to house the families fleeing from the sections of Beirut bombarded by Israeli air raids.

The Centre of Dar el Moualmine is sheltering at the moment 500 persons approximately, originating mostly from the section of Dahieh, in the suburbds of South of Beirut. However, these numbers vary from day to day. Kassem, a baby of 18 months, indicates that he came on the second day of bombardments from Baalback, because « he thinks that things are going to get worse ». Abdallah has fleed his village, Laboueh, in Bekaa, with all his family, when the air raids of israelis started to target the trucks passing in front of his house, on the road to Syria. «I left my land just when the season of collecting plums started, but staying at the orchards is becoming very risky! Here, we feel much more secure, even if we still hear the sounds of shells at night on the suburbs of Beirut. »

Hassan has a German passport: « I have the German nationality. I am trying to contact the German embassy for several days, but in vain. The lines are always saturated. My children are stuck in the village. My eldest daughter, Yasmine, has two little kids of four and five years, they also have the German nationality » Thanks to the help of Caritas volunteers, he had the chance to contact them by phone and he was reassured of their exit. However, the situation in the village has become unbearable. The bred started lacking, the provision of water has become critical.

There are nine centers for the refugees in Ashrafieh alone. It’s been three days. Caritas Lebanon counts 1400 persons. Today, the census exceeds 3360. The 250 volunteers of Caritas, in the sector of Ashrafieh, relay every morning at 7 am until 10 pm to provide the material help as well as the moral support to the refugees, and carrying their attention to hygienic conditions. In the school playground, the religious of the students’ dormitory of the Saint Coeurs congregation organize games with the children, giving the place the feeling of summer camps... In few minutes, the hot plates prepared by the teams of volunteers are distributed to the refugees. The Scouts du Collège de Jamhour arrive to provide help.

Under the shelter, the men are sitting on school bancs, in front of the TV that is always showing the news. This very morning, the South is under the fire of shells that knows no recession.

Dr. Saber finishes his consultation. He has examined about 50 persons, most of which were children. Afterwards, he sends them to take their medicines from the mobile clinic of Caritas in the school parking. For the more urgent cases, there is coordination with Hôtel Dieu de France, situated near to the area. Caritas has already organized a number of information meetings concerning the hygienic measures necessary for the prevention of epidemics in the context of big promiscuity and high temperatures.

Hassan asks us again to dial the number of the German Embassy. « I hope to be able to find a solution, at least for letting them come to Beirut. All this have to come to an end. »

(Translated by Mona Hallab)