« L’enlèvement de deux soldats ne justifie pas qu’on démembre ainsi un pays tout entier », affirme l’Assemblée des évêques maronites
«Le malheur doit nous unir et non nous séparer. Il doit nous placer face à nos responsabilités et aux conséquences de nos actes sans pour autant nous pousser aux échanges d’accusations. (...) L’heure n’est pas aux règlements de comptes politiques. » C’est l’essentiel du message que l’Assemblée des évêques maronites, réunie sous la présidence du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a voulu faire parvenir, vendredi, aux Libanais. Voici le texte intégral du communiqué final de l’assemblée :
1 - Absolument injustifiables et illogiques sont les douloureux événements que nous vivons au Liban depuis quelques jours, événements qui l’ont paralysé, après le bombardement de ses pistes d’atterrissage, de la plupart de ses ponts et routes, de certaines centrales électriques, de ses services et de ses centres de communication.L’enlèvement de deux soldats, quoi qu’on puisse en penser, ne justifie pas qu’on démembre ainsi un pays tout entier, que l’on tue des centaines de personnes et qu’on affame la plus grande partie d’une population.
2 - La situation dramatique vécue par les Libanais, en particulier ceux qui ont été forcés à quitter leurs foyers et villages, impose à tous d’oublier les divergences politiques qui les séparent et de faire front commun. L’heure n’est pas aux règlements de comptes politiques, mais à la solidarité, à l’entente et au courage pour faire face autant que possible.
3 - Le bombardement délibéré et intensif des axes routiers a abouti à l’isolement de la plupart des villes et villages, en particulier au Sud et dans la Békaa. Il a empêché l’acheminement vers ces régions des aides alimentaires et pharmaceutiques. De ce fait, les pères exhortent les organisations humanitaires, en particulier le CICR et la Croix-Rouge libanaise, d’œuvrer à l’acheminement vers ces populations de nourriture, de médicaments et d’autres produits de première nécessité.
4 - L’assemblée exhorte tous les Libanais à accueillir dans l’amour et la solidarité leurs frères forcés par la guerre à abandonner leurs foyers et leurs villages, abstraction faite de leur appartenance communautaire. Le malheur doit nous unir et non nous séparer. Il doit nous placer face à nos responsabilités et aux conséquences de nos actes sans pour autant nous pousser aux échanges d’accusations. Rompre le cycle de la violence.
5 - L’assemblée exhorte les membres du Conseil de sécurité de l’ONU à mettre fin une fois pour toutes au cycle de la violence au Liban en adoptant sans délai une résolution demandant un cessez-le-feu immédiat, par égard pour les civils innocents, et en réglant la crise de façon radicale de sorte que justice entière soit faite à toutes les parties.
6 - L’assemblée appuie les efforts du gouvernement et du Premier ministre pour mettre fin à la tragédie libanaise et poser les fondements d’un État juste et fort qui étende son autorité sur l’ensemble du territoire, qui en rassemble tous les fils et préserve les composantes de la société libanaise.
7 - Les pères pressent les fidèles de répondre à l’appel lancé par le Saint-Père, le pape Benoît XVI, à une journée de prière et de pénitence dimanche pour implorer la paix. Il invite aussi tous les croyants, à quelque religion qu’ils appartiennent, à élever leurs cœurs vers Dieu, seul maître de l’histoire et juge des actions humaines, bonnes et mauvaises. C’est lui que nous implorons d’écourter ces jours d’épreuve et de répandre la paix dans les cœurs et le pays.
8 - Les pères remercient les chefs des Églises sœurs, les conseils épiscopaux, évêques et évêchés dans le monde, qui se sont solidarisés avec le Liban, dans cette épreuve. Ils expriment leurs sincères condoléances aux familles des victimes, souhaitent prompt rétablissement aux blessés et demandent à Dieu de mettre fin à ce terrible malheur.