mercredi 26 juillet 2006

Centres de déplacés au Nord de Beyrouth – 25 juillet 2006

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Notre première visite sera pour le centre Ahlieh de la Mosquée Farhat, dans le quartier de Nabaa – Sin el Fil. Selon le dernier recensement effectué par l’assistante sociale de Caritas Liban, 54 familles sont actuellement hébergées dans les locaux de ce centre social implanté de longue date dans le quartier. Nous sommes accueilli par le coordinateur du centre, Abou Samir, lui-même originaire du village de Marj Ezzhour, au Sud Liban. Il nous explique que le centre Ahlieh apporte aussi son aide à des familles qui sont hébergées dans le quartier, chez des amis ou de la famille. Certains propriétaires de logements vides ont aussi ouvert les portes de leurs locaux pour permettre aux familles déplacées de s’y installer. Ainsi, selon Abou Samir, c’est près de 1.700 personnes qui reçoivent une aide directe du centre.

La famille Nazzal, composée de 9 personnes, a fui le quartier de Hay Salloum, dans la banlieue Sud, dès que les premiers obus sont tombés sur Beyrouth. Le père est retourné voir l’état de la maison il y a deux jours. Le quartier est déserté, mais grâce à Dieu, leur maison est épargnée. Seules les vitres ont volé en éclat à cause du souffle des explosions. Mais ils craignent d’y retourner pour le moment.

Abou Samir a mis en place une organisation efficace qui permet de répartir au mieux les différentes aides que reçoit le centre de la part de plusieurs ONG, dont Caritas Liban. Ce qui manque le plus, ce sont les médicaments car nombre de réfugiés suivent des traitements lourds et les pharmacies du quartier sont vides. Sœur Yolla programme avec Abou Samir pour le lendemain une visite de la clinique mobile de Caritas Liban, en demandant que l’on rassemble à cette occasion les personnes déplacées qui ont besoin de soins, y compris celles qui sont hébergées à l’extérieur du centre.

Nous nous dirigeons ensuite vers Jdeideh, localisée à la sortie Nord de Beyrouth. L’école officielle Akhtar es Saghir reçoit 73 familles, soit 365 personnes. Mais ici aussi les chiffres fluctuent d’un jour à l’autre. Sœur Aline nous explique que certaines familles ne supportent pas la promiscuité imposée par les circonstances et partent à la recherche de locaux vides – parfois de simples hangars – où ils pourront s’installer avec l’accord du propriétaire. L’important pour Caritas est de garder le contact avec ces familles pour leur venir en aide au même titre que celles qui restent dans les centres d’accueil.

Ici, trois religieuses en lien avec Caritas Liban viennent quotidiennement assurer une présence dans l’école. Leur première tâche est d’assurer que les locaux sont nettoyés. Avec l’aide des jeunes, elles organisent le ramassage des ordures et avec les femmes, le tour de lessive au seul lavabo situé sous le grand préau de la cour de l’école. Une équipe de bénévoles de la Croix Rouge du quartier viennent leur prêter main forte. De 9h30 à 12h30, ceux-ci organisent des activités récréatives avec les enfants. Dans cette école, Caritas Liban a installé quelques douches pour permettre de maintenir des conditions d’hygiène satisfaisantes.

Hussein Jamil, 33 ans, est originaire du village de Sarifa, près de Tyr. Il travaillait avec son père dans la ferme familiale dont la principale activité était la production de lait de vache. Depuis 15 ans, il met de côté ses économies dans l’espoir de créer son propre foyer. Au fil des ans, il a construit sa maison à proximité de la ferme. Le mariage était prévu pour le mois de septembre. « J’ai vu les obus tomber sur ma maison. Maintenant tout est à refaire. Mais le mariage est remis à plus tard. Quand ? Je ne sais pas. Je ne peux pas me marier si je n’ai pas ma propre maison pour y installer ma famille… »

Nous empruntons l’autoroute vers le Nord et faisons une pause dans les bureaux de Caritas à Antélias. Nous y retrouvons Sarah, une assistante sociale de Caritas Liban originaire de Aïn Ebel, un village frontalier avec Israël. Elle était en stage à Beyrouth quand les affrontements ont commencé. Dans l’impossibilité de rentrer chez elle, elle s’est immédiatement mise au service du secteur de Caritas d’Antélias. Pendant que nous discutons, trois hommes arrivent au bureau. Ils sont originaires de Wadi Chahrour, un petit village situé sur les collines qui dominent l’aéroport international, bombardé il y a cinq jours par l’aviation israélienne car celle-ci soupçonnait que des armes du Hezbollah y était entreposées.

Les trois hommes nous expliquent qu’avec leurs familles, ils ont trouvé refuge chez la sœur de l’un d’entre eux, à Zeghrine, un village de la montagne, mais que là-bas, les aides ne leur parviennent pas. Sarah les met aussitôt en contact avec le bénévole de Caritas Liban le plus proche de Zeghrine, en charge du recensement des besoins des déplacés. Cette fonction de Caritas d’identification des familles déplacées non recensées dans les centres d’accueil est primordiale pour connaître et couvrir au mieux les besoins les plus urgents.
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Our first visit will be to the Ahlieh center of the Farhat Mosque, in the Nabaa district - Sin el Fil. According to the last census carried out by the welfare officer of Caritas Lebanon, 54 families are currently lodged in the buildings of this social center established since a long time ago in the district. We are accommodated by the coordinator of the center, Abou Samir, himself originating from the village of Marj Ezzhour, in South Lebanon. He explains to us that the Ahlieh center also brings assistance to families who are lodged in the district, in friends’ or family’s homes. Certain owners of empty residences also opened the doors of their buildings to allow the displaced families to settle there. Thus, according to Abou Samir, it is nearly 1.700 people who receive a direct help from the center.

The Nazzal family, made up of 9 people, fled the district of Hay Salloum, in the Southern suburbs, as soon as the first shells fell on Beirut. The father has gone back to see the state of his house two days ago. The district was deserted, but thanks be to God, their house is safe. Only the windows have been broken to pieces because of the intensity of the blast. They fear to return home for the moment.

Abou Samir has set up an effective organization which makes it possible to distribute various aids that the center receives from several NGOs, such as Caritas Lebanon. What is lacking the most are drugs because a big number of refugees follow heavy treatments and the pharmacies of the district are empty. Sister Yolla plans with Abou Samir a visit for the following day to the mobile private clinic of Caritas Lebanon. She requested that we gather on this occasion the displaced people in need of care, including those who are lodged outside the center.

We drive then towards Jdeideh, localized at the Northern exit of Beirut. The official school Akhtar Saghir receives 73 families, which is about 365 people. However, the figures fluctuate daily. Sister Aline explains to us that certain families do not support the promiscuity imposed by the circumstances and leave to search for empty buildings - sometimes simple hangars - where they will be able to settle with the agreement of the owner. The important thing for Caritas is to keep the contact with these families to assist them just as much as those who remain in the reception centers.

Here, three sisters in liaison with Caritas Lebanon come daily to ensure a presence in the school. Their first task is to ensure that the buildings are cleaned. With the assistance of the young people, they organize the garbage collection and the women take turn to wash their laundry in the only basin located under the large court of the schoolyard. A team of volunteers from the Red Cross come to lend them a hand. Then from 9:30 till 12:30, the team organizes entertaining activities for the children. In this school, Caritas Lebanon installed some showers to make it possible to maintain satisfactory conditions of hygiene.

Hussein Jamil, 33 years old, is originally from in Sarifa village, close to Tyr. He worked with his father in the family farm in the production of cow milk. For 15 years, he has put aside his savings in the hope of building his own home. After many years, he finally built his house near the farm and was planning to get married in September. "I saw the shells falling on my house. Now all is to be rebuilt. Therefore, the marriage is reported to later. When? I do not know. I cannot marry if I do not have my own house to settle my family there... "

We take the highway towards the North and make a stop in the Caritas offices in Antélias. We find Sarah, a welfare officer of Caritas Lebanon, from Aïn Ebel, a frontier village with Israel. She was in a training course in Beirut when the confrontations started. With the impossibility of return, she immediately volunteered at Caritas Antélias. While we are talking to her, three men arrive at the office. They are from Wadi Chahrour, a small village located over the hills which dominate the international airport and which were bombarded five days ago by Israeli aviation because Israeli soldiers suspected that Hezbollah weapons were stored there.

The three men explain to us that along with their families, they found refuge at the sister of one of them, in Zeghrine, a village where assistance does not reach. Sarah put them at once in contact with the volunteers of the nearest Caritas Lebanon, in charge of the census of the needs for the displaced. This function of Caritas to identify the displaced families who are not listed in the reception centers is of primary importance in order to know and meet the most urgent needs.