Sauvons les enfants du Liban !
Sauvons l’enfance cruellement massacrée !
Cana, ce petit village, situé à quelques kilomètres de Tyr, est pour la deuxième fois crucifié. Au petit matin, vers 2h00, un raid israélien a dévasté un immeuble de 3 étages où certaines familles s’étaient réfugiées au sous-sol pour se protéger du bombardement intense visant la localité. Le bilan provisoire est très lourd : selon l’AFP au moins 60 civils libanais dont 12 femmes et 34 enfants ont péri. 15 des enfants étaient des handicapés physiques ou mentaux. Cette frappe est la plus meurtrière et la plus dévastatrice depuis le déclenchement de l’agression israélienne. Les images transmises par les médias étaient effroyables.
En avril 1996, Cana aussi a vécu le même massacre quand 105 civils avaient été tués par le bombardement israélien du siège de la FINUL. Le même crime horrible se répète 10 ans après.
Emportés par la colère, des milliers de libanais ont manifesté devant l’immeuble de l’ESCWA et ont attaqué les bureaux des Nations Unies pour condamner le massacre barbare commis contre les enfants. Cette opération a été unanimement condamnée et a été décrite comme un acte inhumain, inadmissible et injustifiable.
Une grève générale est déclarée sur tout le territoire libanais pour la journée du lundi 31 juillet. Sur le plan politique, cette attaque atroce a détourné le cours des discussions de la part du Liban qui n’accepte plus aucune négociation avant que soit déclaré un cessez-le feu immédiat et inconditionnel. Israël, suite aux pressions internationales, a suspendu ses opérations aériennes au Liban Sud pour 48 heures.
Au Liban Sud également, des menaces ont été lancées contre la localité de Ain Ebel, sommant les habitants de déserter la région. Aussitôt, des convois d’évacuation ont commencé à affluer vers les régions plus sûres. Ain Ebel se trouve ainsi vidée de ses habitants. De même, les villages de Debl et Kawzah sont toujours bloqués sans nourriture, sans eau et sans électricité. Les appels au secours ne cessent de nous parvenir des habitants de ces régions par l’intermédiaire de leurs parents habitant Beyrouth. Les contacts s’intensifient avec le Comité International de la Croix Rouge et avec les Nations Unies pour coordonner les interventions en leur faveur.
Les personnes évacuées de Ain Ebel ont décrit la situation dramatique de ces localités encerclées depuis le 12 juillet. Le docteur Jean Sader, dentiste au Centre Médico-Social central de Caritas Liban, était à Beyrouth lors du déclenchement de la guerre. Son fils Wissam, âgé de 13 ans, séjournait dans le Sud avec sa grand-mère et ses tantes paternelles, elles-mêmes venues de l’étranger avec leurs familles pour passer l’été ensemble. Ils se sont tous trouvés bloqués à Ain Ebel. A son retour, Wissam raconte à son père ce qu’ils ont enduré pendant cette période. Vivre chaque minute dans la peur et la crainte de voir un obus s’écraser sur la maison était la chose la plus épouvantable. Pour la nourriture, ils se sont organisés de façon à subdiviser les rations. Mais pour Wissam ce n’était pas l’essentiel. Il vivait chaque moment priant de revoir son père. Il ne voulait pas mourir, nous a-t-il dit, loin de son père. Leur maison a été la cible de trois obus, mais c’est la grâce divine qui les a sauvés Ils étaient plus de 15 personnes.
Par contre, à Rmeich il n’y a pas eu de bombardements directs mais c’est l’entassement d’un grand nombre de personnes qui a causé la grande gêne. La nourriture et l’eau ont manqué et les maladies infectieuses ont envahi la région : hépatite, typhoïde, gale, poux, …
Au niveau humanitaire :
L’exode massif se poursuit surtout après les nouvelles évacuations du Liban Sud. Le nombre des déplacés a dépassé les 800.000 personnes, selon les Nations Unies.
Au moins 60 civils, dont 34 enfants, ont été tués sous les décombres dans la région de Cana. Tous les libanais, mais particulièrement les survivants de Cana garderont à vie ces images horribles devant leurs yeux et surtout dans leurs cœurs.
Le bilan des victimes s’alourdit : Selon les Nations Unis, le nombre de tués a atteint plus de 670 personnes et celui des blessés plus de 3300 personnes dont 50% sont des enfants.
Les pertes sont immenses et ne peuvent être exactement évalués. Les chiffres restent provisoires : plus de 3 milliards de US$, et sont sujets à de grands accroissements.
Action de Caritas Liban :
A ce jour, le nombre des personnes secourues a atteint 80.000 personnes à travers nos structures régionales.
Le secteur d’Achrafieh a lancé avec l’aide des bénévoles une campagne de propreté dans tous les centres de regroupement.
Avec l’augmentation de la population dans les centres d’accueil, la gale et les poux prolifèrent. 55 enfants ont eu les cheveux coupés par les bénévoles dans une école à cause des poux. Par la suite, un bain avec un shampoing spécial poux leur a été donné.
Deux coiffeurs se sont proposés volontairement pour aider à la coupe des cheveux de tous les enfants dans les centres de Beyrouth.
Deux camions ont été envoyés à Tyr vendredi soir. C’est l’Archevêque Maronite de Tyr qui prend en charge la responsabilité du secteur, les responsables ayant dû fuire la région. Mgr Nabil el Hage vient en aide à toutes les familles toujours présentes avec les provisions envoyées par Caritas Liban. D’autres envois seront acheminés pendant ces deux jours.