vendredi 4 août 2006

Situation au 3 août 2006 Fr / Eng

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La trêve des frappes aériennes promise après le massacre de Cana n’a pas tenu. En effet, les raids israéliens ont repris avec intensité et ont élargi leurs offensives. Les libanais, aussitôt cet arrêt déclaré, ont espéré que cette accalmie va perdurer même plus que les 48 heures annoncées par les israéliens. Or, ce qui s’est passé, c’est la reprise des hostilités de plus belle.

Ain Ebel, bloqué depuis le déclenchement de la guerre, est vidé de ses habitants. L’Armée israélienne a appelé hier les habitants de plusieurs villages situés au nord du fleuve Litani à quitter leurs maisons en prévision d’une attaque dans cette région. Nos contacts se poursuivent avec le Comité International de la Croix Rouge et avec les Nations Unies pour pouvoir aboutir à une autorisation pour faire acheminer quelques provisions, notamment des denrées alimentaires, de l’eau et des médicaments, surtout pour les maladies infectieuses, sans succès jusqu’à présent.


Au niveau humanitaire :

Les habitants, qui ont résisté jusqu’à ce jour dans les régions frontalières, ne peuvent plus souffrir davantage. Ils se sont entassés dans les voitures, sur les sièges et même dans les coffres arrière, pour fuir cet enfer. Ils ont cru pouvoir soutenir le coup et que ce sera passager comme d’habitude. Mais leurs prévisions n’avaient pas coïncidé avec la réalité. Le supplice était insoutenable.

L’exode persévère et les appels nous parviennent de tous les côtés pour assurer un lieu d’hébergement à telle ou telle famille. Hier soir, un responsable du comité villageois de Ain Ebel, nous a appelé pour trouver une place pour une famille qui reste sans toit. Le père est gravement malade et ne peut pas se déplacer.

A Tyr, il ne reste pas plus de 15.000 des 100.000 habitants de cette localité. L’exode massif de la région s’est aussi intensifiée ces deux derniers jours.

La destruction des ponts reliant les villages entre eux se poursuit : Le seul pont qui continuait à servir de lien entre Beyrouth et le Sud, sur le littoral de Damour a été détruit. De même, le pont Arka reliant Tripoli au Akkar. Dans la région de la Békaa, les routes reliant Hermel à Homs, en Syrie, ont été coupées, ainsi que celle de Masnaa.

Le bilan des victimes s’alourdit : selon le Haut Comité de Secours, le nombre de tués a atteint 830 personnes et celui des blessés plus de 3300 personnes dont 50% sont des enfants.

L’armée israélienne menace de riposter aux bombardements du Hezbollah qui menace Tel Aviv par des représailles sur Beyrouth.

Les attaques contre la ville de Baalbek, réalisées à l’occasion d’une opération de commando, ont généré 17 tués et 11 blessés.


Action de Caritas Liban :

A ce jour, le nombre des secourus a atteint 81.000 personnes à travers nos structures régionales.

Les campagnes de propreté – notamment fourniture de shampoing anti-poux et anti-gale, coupes de cheveux, hygiène corporelle par l’installation de douche et le nettoyage des centres – continuent et prennent plus d’ampleur pour se généraliser à travers tous les secteurs et centres.

Un camion a été envoyé hier dans les régions de la Békaa Centrale et de la Békaa Est, transportant des denrées de base.

Les enfants arrivent dans les centres d’accueil traumatisés : Hammoudi, un enfant de 5 ans, ne cesse de pleurer depuis son arrivée, lundi matin, au centre d’hébergement. Caritas Liban a jugé utile de l’orienter dans un centre spécialisé pour lui assurer le traitement adéquat pour son âge.


Nous ne pouvons décrire par des mots et des phrases la détermination, la volonté et la capacité des libanais face aux conditions difficiles imposées, avec une soif avide de vie et un attachement particulier et ferme. Le fait de voir le comportement, l’énergie des familles réfugiées et l’entraide qui lie les libanais entre eux en cette période cruciale en est un exemple assez significatif. Les familles participent directement à la gestion collective de leur quotidien sans être totalement dépendant des autres. Ils aident dans la cuisine et la préparation des plats chauds journaliers, ils participent à l’organisation des activités de divertissement et aux campagnes de propreté avec les bénévoles et agents de Caritas Liban.

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The truce of air strikes, promised after the Cana massacre, did not last. Indeed, the Israeli raids began again with intensity and widened their offensives. Once this armistice was declared, the Lebanese hoped that it will endure more than the 48 hours announced by the Israelis. However, the hostilities resumed even more angrily.

Ain Ebel, blocked since the start of the war, is emptied of its inhabitants. The Israeli Army called yesterday the inhabitants of several villages located at the North of the Litani River and asked them to leave their houses, as they predicted an attack in this area. Our contacts continue with the International Committee of the Red Cross and with the United Nations to try and reach an authorization to transmit some provisions, in particular food, water and drugs for infectious diseases, but with no success until now.


On the humanitarian level:

The inhabitants, who have resisted so far in the frontier areas, cannot suffer any more. They piled up in the cars, on the seats and even in the trunks, to flee this nightmare. They believed they’d be able to support the blow and that it will be temporary as usual. But their forecasts did not coincide with reality. The torment was unbearable.

The exodus perseveres and the calls reach us on all the sides to ensure a lodging place for such and such family. Yesterday evening, a person in charge of the village committee in Ain Ebel asked us to find a place for a family who remained without roof. The father is seriously sick and cannot move.

In Tyre, there are barely 15.000 inhabitants out of the 100.000 people initially living in this locality. The massive exodus in this area also intensified in the last two days.

The destruction of the bridges connecting the villages continues. The only bridge which continues to be used as a bond between Beirut and the South, on the shore of Damour, was destroyed. In the same way, the Arka bridge connecting Tripoli to Akkar was destroyed. Also, in the area of Békaa, the roads connecting Hermel to Homs, in Syria, were cut down.

The casualty rate is climbing: According to the High Committee of Help, the number of killed reached 830 people and that of the wounded was more than 3300 people, 50% of which are children.

The Israeli army threaten to counteract the bombardments of Hezbollah aiming Tel Aviv by reprisals on Beirut.

The attacks against the town of Baalbek generated 17 killed and 11 wounded.


Caritas Lebanon in action:

So far the number of helped people reached 81.000 throughout our Regional Structures.

The hygiene campaigns, in particular to provide anti-lice and anti-scale shampoos, haircuts, intimate hygiene through the installation of showers and the cleaning of centers, continue to spread through all the Sectors and Centers.

A truck was sent yesterday in the areas of Central and East Békaa to transport basic food products.

The children arrive in the reception centers traumatized. Hammoudi, a 5 year old child, does not cease crying since his arrival, Monday morning, to the lodging house. Caritas considered it useful to direct him to a specialized center to ensure adequate treatment for his age.


We cannot describe with words the determination, the will and the capacity of Lebanese vis-à-vis the difficult conditions imposed on them. They have an avid thirst for the life and a firm attachment. Seeing the behavior and the energy of the sheltered families and the inter assistance which binds them to each other in this crucial period is rather an expressive example. The families directly take part in the collective management of their daily tasks without being completely dependent on the others. They help in the kitchen and with the preparation of the daily hot dishes. They also take part in the organization of entertaining activities and in the sanitation campaigns with Caritas Lebanon agents and volunteers.