lundi 25 décembre 2006

Le Pape Benoît XVI adresse un message de Noël aux catholiques du Moyen-Orient

A l'occasion de la fête de Noël, un message de Benoît XVI aux catholiques du Moyen-Orient envoyé le 21 décembre a été rendu public le lundi 25 décembre par le Saint-Siège. Extraits en français :

En ces jours pleins de signification pour la foi chrétienne, je désire adresser une pensée spéciale vers vous, frères et sœurs catholiques qui vivez dans les régions du Moyen-Orient. (…)

Je me tourne avec affection vers les communautés qui se sentent et sont de fait comme de “petits troupeaux”, soit parce que le nombre de frères et sœurs s’est considérablement réduit, soit parce qu’ils sont immergés dans une société composée pour une large majorité de croyants d’autres religions, soit parce que les circonstances font qu’ils vivent aujourd’hui dans certaines nations auxquelles ils appartiennent, dans des nombreuses difficultés et privations. Je pense surtout aux pays marqués par de fortes tensions et notamment ceux qui sont soumis à des manifestations de violence effective, qui, en plus d’immenses destructions, atteignent sans pitié les personnes désarmées et innocentes. Les nouvelles quotidiennes qui parviennent du Proche-Orient ne font que démontrer une augmentation du nombre de situations dramatiques, quasiment sans issue. Ce sont des événements qui, pour ceux qui n’y sont pas directement impliqués, suscitent naturellement récrimination et rage, et prédisposent les cœurs à des envies de revanche et de vengeance.

Nous savons que ce ne sont pas des sentiments chrétiens. (…) On perdrait ainsi l’occasion d’offrir une contribution proprement chrétienne aux solutions de ces très graves problèmes de notre temps. Il ne serait pas non plus sage, surtout en ce moment, de passer son temps à s’interroger pour savoir qui a souffert le plus, ou de vouloir présenter le compte des torts reçus, en faisant la liste des raisons qui militent en faveur de ses propres arguments. (…) Le dialogue patient et humble, fait d’écoute réciproque et tenu à la compréhension de la situation de l’autre, a déjà porté de bons fruits dans beaucoup d’autres pays précédemment dévastés par la violence et la vengeance. (…)

Vous pouvez compter sur ma pleine solidarité en ces circonstances. Je suis certain aussi de pouvoir me faire le porte-parole de la conviction partagée par l’Église universelle. Aucun fidèle du Moyen-Orient, ensemble avec sa communauté d’appartenance, ne doit se sentir abandonné ou seul (…).

Depuis longtemps, on observe comment de nombreux chrétiens quittent le Moyen-Orient, et les Lieux saints risquent de se transformer en zone archéologique, privée de vie ecclésiale. Certes, les situations géographiques dangereuses, les conflits culturels, les intérêts économiques et stratégiques, sans parler de l’agressivité qui veut se justifier derrière des causes sociales ou religieuses, tout cela rend difficile la survie de la minorité, et ainsi, beaucoup de chrétiens sont portés à céder à la tentation d’immigrer. Le mal pourrait être d’une certaine manière irréparable. (…) Le croyant sait cependant pouvoir compter sur une espérance qui ne déçoit pas, parce qu’elle se fonde sur la présence du Ressuscité. (…)

À travers vous, très chers frères et sœurs, je veux me tourner aussi vers vos concitoyens, hommes et femmes de diverses confessions chrétiennes, de diverses religions, et vers tous ceux qui cherchent avec honnêteté la paix, la justice, la solidarité, au moyen de l’écoute réciproque et du dialogue sincère. À tous je dis : Persévérez avec courage et confiance ! À tous ceux aussi qui ont pour responsabilité de guider les événements, je demande sensibilité, attention et proximité concrète, pour dépasser les calculs et les stratégies, afin que s’édifie une société plus juste et plus pacifique, dans le respect vrai de chaque être humain. (…)

Comme il vous a été dit, très chers frères et sœurs, j’espère vivement que la Providence fasse que les circonstances permettent mon pèlerinage sur la Terre restée sainte des événements de l’Histoire du Salut. J’espère aussi pouvoir prier à Jérusalem, “patrie de cœur de tous les descendants spirituels d’Abraham, pour qui elle est très chère” (Jean-Paul II, Redemptionis anno, 1984). Je suis en effet convaincu qu’elle peut devenir “un symbole de rencontre, d’union et de paix pour toute la famille humaine (…)”. La paix est un bien suffisamment grand et urgent pour justifier des sacrifices aussi grands de la part de tous. Comme l’écrivait mon vénérable prédécesseur Jean-Paul II, “il n’y a pas de paix sans justice”. Et c’est pourquoi il faut honorer et reconnaître les droits de tous. Et Jean-Paul II ajoutait : “Il n’y a pas de justice sans pardon.” Normalement, si on ne transige pas sur les erreurs passées, on ne pourra arriver à un accord qui permettrait de rouvrir le dialogue en vue d’une future collaboration. Le pardon, dans ce cas, est la condition indispensable pour être libre de projeter un nouveau futur. Du pardon concédé et accueilli peuvent naître et se développer tant d’œuvres de solidarité, dans le sillage de celles qui existent déjà amplement dans votre région, du fait des initiatives de l’Église, comme des gouvernements et des instances non gouvernementales.

Source : www.vatican.va
Traduction : La Croix
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